Est-ce que c’était un compliment ce qu’elle venait de dire sur ma descente ou est-ce qu’elle avait peur que je vide l’entièreté de son bar ? Même avec toute la bonne volonté du monde je ne pourrais pas le faire. Au mieux je tomberais dans un coma éthylique. Hum nan. Je n’en ai pas trop envie… Et puis, la gueule de bois que je vais me taper avec ça. Non. Mauvaise idée.
“Je vous remercie du compliment. Mais ne vous inquiétez pas, je vais garder toutes mes capacités cognitives.”
Ce n’était pas la première que je buvais de l’alcool de toute façon, et je crois que ça devient un peu une habitude de vie en ce moment. Mon hôte de soirée semblait un peu tendue. Comme si mes questions incisives la dérangeait un peu. C’était le but. Je ne comptais pas lui laisser une libertés sans failles. Je la voyais regarder sa montre et se retourner vers moi toujours avec cette voix enjouée, me demandant de simplement profiter du vin, du feu et du repas. Et c’est ainsi qu’elle avait fait sa transition pour nous faire passer à table pour pouvoir “profiter du repas”. Je me levais alors quand elle m’invitait à le faire et je la rejoignais autour de cette table ronde. Elle avait vraiment mis les petits plats dans les grands. La décoration et la vaisselle était magnifique. Elle ne rigolait pas ca c’est certain. Ca me conforte dans cette idée ou je me dis qu’elle veut quelque chose. Après tout… Rien n’est gratuit dans la vie et surtout pas à Quederla. Son majordome nous aidait tout de suite à nous installer et il me servait à nouveau un verre. Je l’en remerciait pour ça.
“J’apprécie le vin oui. Surtout s’il est de bonne qualité. Donc oui j’ai hâte de gouter à ce vin que vous avez choisi pour cette soirée. J’espère qu’il est bon.”
Peu de temps après ça le majordome revenait avec nos plats. Je me retrouvais alors face à un homard avec des légumes du soleil et des patates douces. Eh bien. Elle ne faisait vraiment pas dans la demi mesure cette fois-ci. Elle me souhaitait de passer un bon repas et j’en faisais de même venant gouter à ces plats. J’avais une petite faim après tout donc pourquoi pas. Je lui confirmais que c’était excellent et je dois l’avouer que j’en demanderais probablement à mon cuisinier au ma-. Ah oui c’est vrai… Je ne vivais plus au manoir maintenant. Je ne sais pas pourquoi c’était un réflexe et ça m’était totalement sorti de la tête. Putain de merde. J’avais vraiment été une idiote sur ce coup. Tout ça c’était de ma faute en fait. J’étais sortie de mes songes quand je sentais qu’elle me prenait le bras… Elle avait vraiment un objectif ici. C’était de savoir si c’était de sa faute si je ne vivais plus chez Asahel… Et elle l’avait remarqué ? Ca voulait dire que cette femme m’espionnait ? Enfin… De toute façon elle avait réussi à me contacter à l'hôtel donc oui… Elle pouvait s’en douter… Réparer ? Quoi ? C’est pas une voiture que l’on emmène au mécanicien et on change une pièce et tout marche à nouveau. Enfin… Sauf si dans ce cas précis la pièce c’était moi.
Mon visage s’était un peu assombri pour le coup. Je n’y faisais plus assez attention moi qui voulait toujours garder ce côté parfaite et imperturbable. Elle avait réussi à pénétrer mes défenses… Je posais ma fourchette sur le coin de mon assiette et je venais m’essuyer les lèvres…
“Bon et si vous me disiez en quel honneur vous m’invitez dans votre humble demeure demoiselle Midford ?”
“De votre faute. Je n’en sais rien. Je suppose que ça a un peu joué dans l’histoire ? Je n’en sais rien. Je pense surtout que j’aurai fait une très mauvaise épouse au final. Je suis simplement pas la femme la plus adroite dans ses relations sentimentale de toute façon ? Oui c’est ça voilà. Je ne suis probablement pas faite pour être en couple et couler des jours heureux dans une petite maison en compagnie de cette personne que l’on peut qualifier de moitié.”
Je me saisissais de mon verre de vin que je regardais avec une certaine mélancolie et je venais en boire un peu…
“Le vin est excellent Abbygaelle... Ainsi que le repas…”
Qu’est-ce que je faisais ? J’étais vraiment à deux doigts de pleurer devant elle ? La journaliste ? C’est bon ma vie et ma carrière sont fichues. J’imagine déjà les gros titres demain. “La Mannequin est en fait faible et triste, et célibataire…”
Je la regardais… Une face tout aussi mélancolique…
“Ah… Non. Surtout pas… Je n’avais pas envie que l’affaire s’ébruite à la base. Maintenant que vous le savez je sais que vous allez en faire un article et amasser un grand nombre de vue et d’achats… Mais soit… Mais s’il vous plait je n’ai pas besoin de ça… Je suis une femme adulte et je peux me débrouiller seule. Et puis… Je ne mérite probablement pas tout cela.”
C’était la vérité… Je me posais sincèrement la question ces derniers temps. Est qu’au final je n’étais pas plutôt faite pour être simplement… Célibataire à vie.
“Et vous Abbygaelle ? Assez parlé de moi ; Vous en avez des potins pour la première de demain… Parlez moi de vous… Des amours… Et de tout le reste…”