Une escorte atypique [F. Arias]

J'étais arrivé depuis maintenant une bonne heure au point de rendez-vous. On était trois. Moi et deux collègues légèrement à l'écart du fait qu'ils ne m'appréciaient pas vraiment. Quand le jeune Dreiden que j'étais avait été annoncé dans le commissariat, ça avait levé une tôlée d'opposition du fait de mes origines. Cependant, je n'en avais plus rien à faire. Depuis mon enfance, on m'emmerdait avec ma lignée. Je faisais maintenant mine de ne plus rien entendre.

Habituellement, on m'avait foutu aux archives pour que je range. Étant sourd, c'était vu comme un handicap trop important par mes supérieurs pour le terrain, en plus d'être sourd. Pourtant, j'avais passé le concours haut la main. Je pense juste qu'on essaye de m'éloigner des affaires. Après tout, mon nom de code en opération est «  Taupe Gun ». Cela veut tout dire. Mais cette fois-ci, il c'était différent.

Le prince d'un pays était ici. Bien que je me tenais au courant des informations politiques et internationales, la visite du prince semblait une bonne chose. Cependant, certaines personnes avaient envoyé des menaces. En soit, rien d'alarmant, cela arrivait énormément quand une célébrité était ici. Mais à chaque fois, le gouvernement envoyait quelques personnes pour surveiller afin d'être sûr. Prenant cela à la légère, c'est un petit groupe de trois personnes, avec un handicapé qu'ils ont envoyé.

Le jeune policier que j'étais se tenait debout et droit, dans son uniforme. J'attendais que le prince de Suède arrive. Je ne le connaissais pas personnellement et l'avais juste vu en photo au commissariat. À vrai dire, je ne m'attendais pas à grand-chose de cette mission. Peu de chance qu'une vraie agression soit commise, en plus des trois pauvres flics, il y avait la garde personnelle. J'avais un café dans un verre en plastique, que je venais de me prendre. Ce n'était pas les périodes les plus chaudes à Quederla. Bien que j'étais obligé de me geler les miches en attendant, rien ne m’interdisait de prendre une pause café, surtout que j'allais devoir escorter un moment.

Bon ils ne devraient plus tarder … La journée va enfin commencer.

Je parlai doucement dans mon coin en regardant les alentours gentiment.

   

J'étais toujours debout gardant le silence. C'était plutôt calme. Le matin était plutôt froid, mais je n'aimais pas ça. Étrangement, j'ai toujours préféré le froid que le chaud. La solitude ne me faisait pas trop peur pour le moment. J'avais été formaté à me retrouver globalement seul en général. Petit, mon handicap ne m'aidait pas à me rapprocher des autres. Cela allait un peu mieux quand mon frère avait reçu son pouvoir. Il m'avait appris à parler et comprendre les sons sur les lèvres. Mais quand j'ai su communiquer avec les autres correctement, c'était trop tard. C'était maintenant mon nom de famille et mon sang qui était une honte. Du moins dans le cursus que j'ai choisi.

J'avais envie de fumer maintenant que ce satané café était terminé … J'avais l'impression de boire plus de café que d'eau ses derniers temps … C'était sûrement mauvais pour moi. Faudrait que je fasse attention. Jetant mon gobelet dans une poubelle, je viens pour sortir un paquet de clopes de ma poche. Fumer me permettait de me détendre quand j'étais trop stressé. C'était une sensation agréable, bien que nocive. Mais alors que je cherchai mon briquet, je pouvais voir mes collègues se tourner vers moi.

Je me demandai ce qu'il se passait pour le coup. J'avais un pigeon qui m'avait fait dessus. Mais soudainement, je sentais une présence dans mon dos. Je me retourne vivement, pris de surprise par la personne, enfin les personnes derrière moi. J'ai même un petit bond en arrière. Mais je me rends compte rapidement que c'est un malentendu … Il s'agissait de la cible à protéger. Je lâchai un soupir de soulagement et m'approchais :

Excusez-moi votre majesté … Je n'étais pas concentré.

Je viens retirer la cigarette de ma main droite, que je range dans ma poche. Je tends la main pour saluer convenablement la personne en question. Malheureusement, vu qu'il était dos à moi, je n'avais pas pu lire ce qu'il avait dit et un peu maladroitement je venais dire :

Nous sommes l'escorte qui vous a été attribuée pour la journée. Je suis la recrue Dreiden monsieur.

Je restai droit devant lui la main tendue. Je portai des gants comme l'uniforme le demandait. Je n'étais pas spécialement impressionné par l'homme devant moi. J'avais l'habitude depuis l'enfance de voir de gros durs avec des pouvoirs. Cependant, j'essayai de montrer une marque de respect envers l'ambassadeur d'un pays future-ment allié.

Ah … Je sais que ce n'est pas spécialement important, mais … Je suis sourd. Si vous avez besoin d'une chose ou il y a un problème, n'hésitez pas à me tapoter l'épaule pour attirer l'attention.

Ça ne devait pas trop le concerner mon problème, mais je me devais de le prévenir. S'il y avait un problème et qu'il parlait dans mon dos … Y aurait d'autres soucis encore. Je voyais mes collègues qui terminaient de discuter et qui finalement venaient à la rencontre du prince.

Je ne me rendais pas spécialement compte que cette rupture dans notre groupe pouvait paraître aussi ridicule. Moi j'en avais l'habitude. Mais cela ne me gênait pas. Le prince de Suède me serrait la main doucement. C'était un honneur pour moi. L'homme semblait plutôt content que je le mette au courant de mon problème et ça me rassurait un peu. Souvent j'avais le droit à trois types de réactions. Les gens compatissants à mon problème, ceux que ça ne gênait pas et le fameux «  UN FLIC SOURD ? Mais à quoi servez-vous, ».

La cible à protéger c'était donc mis en route pour commencé à avancer vers son objectif, sans plus attendre je me mettais en route aussi, ne m'occupant pas spécialement des collègues qui étaient assez grands pour savoir ce qu'ils devaient faire. La mission avait enfin commencé. J'observai en silence les alentours quand même. Il était tôt et la ville plutôt calme. On ne devrait pas trop être embêté par les gens.

Soudainement, du coin de mon regard, je pouvais voir le prince parler. C'est quand il termina sa phrase et que son regard se posa sur moi que j'avais compris que cela m'était adressé. Prenant quelques instants pour réfléchir au chemin le plus court à partir d'ici …

Il me semble qu'en passant par la zone marchande, on peut sûrement y arriver rapidement. Du fait que beaucoup de marchandise arrivent par les mers en plus des airs, cet endroit à un accès privilégié au port pour les marchands. On devrait pouvoir utiliser ce chemin sans problème comme on vous accompagne. La police à le droit d'y accéder. On peut vous escorter par ce chemin.

A cette heure-là, les marchandises devaient sûrement être déchargé des bateaux, il pourra observer un peu le genre de produit qu'on fait arriver à Quederla. C'était un endroit plutôt sécurisé en temps normal aussi :

Sinon, on peut utiliser le chemin normal en contournant le quartier. Ca prends quelques minutes de plus, mais ça sera plus tranquille et c'est libre d'accès monsieur. C'est comme vous préférez.

Je préférai laissé le représentant décider. Je lui avais donné les deux opportunités que j'avais en tête, bien qu'il devait en exister d'autre auquel je n'avais pas pensé. Après tout, tous les chemins mènent à Rome non ?

Vous êtes sur que le bateau que vous attendez est déjà sur place monsoeir ?

Le VIP avait choisi donc le chemin à suivre. La voie marchande. La plus rapide et simple en temps normal. Prenant donc la direction du chemin en question, je voulais m'assurer que la marine Suédoise serait déjà là.  Fallait prévoir tout imprévu. Tout le monde semblait prendre ça à la rigolade, mais moi, je voulais juste faire ça sérieusement. Ce n'est pas quand les accidents sont arrivés qu'il faut faire attendre. Mais avant qu'ils ne se produisent.

Malheureusement, mon message semble avoir été mal interprété. Je ne savais pas si je devais m'excuser ou pas. Comme c'était un ambassadeur en plus de son titre de prince et que j'étais quand même un représentant de l'ordre, je me disais que c'était quand même mieux :

– excusez-moi. Je ne remettais pas en cause votre personnel, monsieur. Mais les imprévus ne sont pas une chose que même le plus performant des hommes peut prévoir, il peut seulement le résoudre au plus vite. C'était ce que je voulais vous dire.

Mon rôle n'était pas de juger ses gens qui travaillent mais assurer la sécurité de Quederla pendant le passage du prince. Pour cela, je ne devais pas oublier le moindre détail. J'en faisais peut-être trop, mais j'étais toujours dans l'extrême quand il s'agissait de mes devoirs. Sûrement le seul truc dont j'ai hérité de mon père. Cela compensait néanmoins le laxismes de mes collègues qui traînaient la patte derrière.

On arrivait donc sur le marché ou on passait par le passage des marchandises. Montrant mon badge de flic, le contrôle de douane nous laissa passer tranquillement. On pourrait sûrement emprunter le tunnel. Cependant, une chose m'interpella assez rapidement quand même, c'était le calme de l'endroit. Regardant sur ma montre à gousset dans ma poche … :

– Tiens, étrange, il devrait y avoir de l'activité à cette heure-là. Normalement c'est ll'arrivée des marchandises …

   

J'avais accepté les excuses du prince sans aucun problème et même avec plaisir. La faute était partagée sur cette discussion, je n'étais pas toujours clair quand je m'exprimai malheureusement, par rapport aux gens, je parlai depuis assez récemment quand même donc certaines subtilités m'échappaient encore.

Nous avancions donc dans la direction prévue et choisie par le prince, cependant, un sentiment de malaise s'emparait de moi. C''était bien trop calme. Patrouillant ici depuis quelques mois, je n'ai jamais vu ça. Malgré mon handicap, cela m'a permis de développer mes autres sens, voir un sixième … Celui du danger. Peut-être, car j'ai été faible une majorité de ma vie.

En voyant des ombres qui apparaissaient petit à petit et un groupe de personne ensuite, je m'arrêtai en mettant ma main pour que le groupe entier s'arrête aussi, mais je remarquai que les gardes et le prince étaient déjà prêts. J'étais un peu émerveillé devant une réactivité pareille. Moi aussi j'étais prêt, j'avais sorti ma dague cachée dans la veste de mon uniforme.

Non ce ne sont pas des collègues.

Réponse courte et rapide. J'étais déjà sur mes gardes observant assez vite mes propres angles morts par sécurité. La tension était montée d'un cran, ça ne semblait pas une blague. Les deux autres collègues avaient enfin remarqué la situation et se préparaient, mais au même moment, un homme sauta d'une ruelle vers le prince et ses gardes.

Cette information ne m'échappa pas et je me mettrai devant pour bloquer l'attaque à l'épée avec ma dague que je tenais fermement. Je pouvais paraître faible à cause de ma condition, mais je n'avais pas évolué dans le même monde que la majorité des flics. Descendant d'un fondateur, fils d'un extrémiste élémentis, j'en avais bavé toute ma vie et je m'étais entraîné sans relâche en sachant ce que j'allais devoir affronter.

Vous agressez un ambassadeur et des représentants de la loi. Si vous n'arrêtez pas, nous serons obligés d'employer la force.

Comme la loi prévoyait, première sommation d'arrêter. Il n'y en aura pas de second. Mon regard se plissa d'ailleurs un peu alors que je fixai l'agresseur le repoussant avec un coup de pied, me rapprochant du convoi, la dague toujours à la main :

Le tunnel me paraît une mauvaise idée maintenant, il est peut-être piégé monsieur. Je suis désolé.